Après de longues années de rénovation, le Grand Hôtel-Dieu, bâtiment signal de la presqu’île, a enfin ouvert ses portes au grand public. D’un hôpital qui a rythmé la vie lyonnaise pendant des siècles, l’édifice devient centre commercial dans un premier temps. Un hôtel de luxe et surtout la très attendue Cité de la Gastronomie suivront l’année prochaine. Et si nous sommes rapidement allés admirer le travail déjà réalisé, nous avons décidé de n’en parler qu’après quelques semaines.
Pourquoi ce silence sur un tel évènement ? Parce qu’il fallait laisser un peu de temps à l’ensemble pour être jugé. Le fameux et nécessaire « temps de rôdage ». Il faut dire que la promesse d’un nouveau lieu incontournable de la vie lyonnaise met la barre plutôt haut. De facto, émettre un jugement sur un tel projet ne peut se faire sans un minimum de recul. Voilà pourquoi nous avons également demandé leur avis à de nombreuses personnes avant d’en arriver à la rédaction de ce billet.
Plein les yeux
Tout d’abord parlons de la rénovation du lieu. Les façades claires et lumineuses semblent neuves, les cours font belle figure et il est impossible de ne pas déambuler dans le Grand Hôtel Dieu sans réprimer quelques sifflements d’admiration. Il est important de se souvenir que l’endroit était en quasi ruines il y a seulement 5 ans de cela. Les murs étaient alors noircis d’une pollution crasse qui faisait honte à la majesté de l’ancien hôpital. Bref, architectes et ouvriers ont déplacé des montagnes pour rendre sa superbe au bâtiment et il sera sans doute compliqué de trouver quelqu’un pour affirmer le contraire.
Mais si la rénovation est belle, qu’en est-il du résultat final ? Beaucoup craignaient d’assister à la création d’un temple pour riches touristes. Pour l’instant, force est de constater qu’il est difficile de comprendre l’esprit qui anime le Grand Hôtel-Dieu. Le lieu a été ouvert précipitamment, de nombreuses boutiques manquent à l’appel, des restaurants annoncés n’ont jamais ouvert (Wagamama) et l’ensemble sonne tout de même très creux. Après avoir échangé avec de nombreuses personnes ayant déambulé au sein de l’établissement il faut se rendre à l’évidence, c’est la perplexité qui prédomine.
Vide et creux
Il est vrai que la première visite a de quoi déconcerter. On ne comprend pas pourquoi ouvrir dans ces conditions. Et surtout; on traverse les couloirs et les cours sans percevoir la démarche. Le sentiment dominant est qu’il ne se passe absolument rien. L’endroit est vide de sens. Et il y a une bonne raison à cela.
Car un lieu de commerce et a fortiori un centre commercial fonctionne beaucoup sur la provocation des sens. On joue avec la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat et parfois le goût, pour plonger les visiteurs dans un cocon de bien-être. Au Grand Hôtel dieu, on a la vue, et à peu près rien d’autre. Aucune ambiance musicale, des odeurs absentes, et l’on ne touche rien. Pire, personne n’a jugé bon de végétaliser un peu l’ensemble (hormis une cour) ou d’installer quelques fontaines pour apporter un peu de fraîcheur. Par conséquent, on se promène dans un lieu trop minéral qui n’inspire rien d’autre que le recueillement à ses visiteurs. Sans ambiance ni repères on ne fait alors que déambuler dans un long silence gêné.
Que dire de plus ? Qu’il faut sans doute attendre l’ouverture de l’hôtel InterContinental et de la Cité de la Gastronomie pour émettre un avis définitif. Ou espérer que des aménagements arriveront rapidement pour corriger le tir. On peut au minimum rêver de jolis bancs et de quelques plantes… Pour l’instant, le Grand Hôtel Dieu est avant tout une coquille vide et froide dans laquelle il est difficile de se sentir le bienvenu. Gageons que les responsables entendront les critiques et s’adapteront en fonction. Un projet aussi ambitieux mérite d’être porté au plus haut. Pour l’instant, on n’y est pas.
Plus de végétation, plus de « vie » aussi , j espère que ce lieu va évoluer vers un lieu où on a envie de s installer plutot que juste passer : ).
Oui c’est pour ça que j’ai parlé de multi-sensorialité, la vie ne vient pas d’elle-même mais demande d’être provoquée en créant un véritable territoire. On peut le faire avec une musique d’ambiance légère, des fontaines (bruit de l’écoulement de l’eau), de la végétation, des animations visuelles etc. Là on est entre 4 murs et c’est tout avec une aggravation de l’exclusion symbolique par l’absence totale d’endroits pour s’asseoir hors terrasses payantes. Je trouve ce lieu profondément dérangeant car il a été promis comme un nouveau cadre de vie incontournable et j’ai rarement vu quelque chose d’aussi… mort.
Je partage ton constat, c’est beau mais vide et triste, ça manque de vie.
J’ai bien peur que la réputation de centre commercial pour les riches ne restent, vu qu’apparemment le Buddha Bar pratique la discrimination aux « pauvres »… (pas vraiment les pauvres, en réalité, mais ceux qui ne sont pas habillés « chic »)