Dans un amphi bondé, lors d’un examen sur la cuisine du monde, et avec comme sujet : « les restaurants sont-ils des agences de voyage ? » nous répondrions un grand oui, sans l’ombre d’une hésitation. Mais pour se déplacer sans bouger, il faut bien plus qu’une bonne cuisine. Avant de goûter, il faut savoir écouter.
L’influence est une notion étrange. On vous parle de gens aux millions de followers et de leur supposée importance. Et puis voilà qu’au détour d’une conversation, quelques mots soufflés par une amie retiennent votre attention. « Demain soir, je mange là ». Là, c’est au Domo de Jana. Une épicerie-comptoir sarde, dans le 7e arrondissement de Lyon, forcément, ça intrigue. Alors on enquête, on regarde la carte, et on se dit que ça a l’air sympa. Les avis sont positifs, les mots très enthousiastes. Largement de quoi se laisser influencer. Bientôt, c’est sûr, on va y aller.
Et si, pour changer, on n’attendait pas ? Et si on s’y rendait au plus vite ? Une semaine plus tard, nous voilà au Domo de Jana. Dehors, la neige tombe à gros flocons. A l’intérieur, l’ambiance est chaleureuse, la salle minuscule mais agréable. Une impression d’être là-bas. On regarde la carte – réduite, ça rassure – on voit des pizzas, et quelques plats. On opte pour les plats. Des raviolis al ragù pour l’un, culurgiones di patate pour l’autre. Un savoureux petit rouge de Sardaigne égaiera le tout.
Cagliari, état d’esprit
Le service ? Typique et familial. La patronne viendra nous voir plusieurs fois. Et parlera. Beaucoup. En italien, en français, et dans un étonnant mélange des deux. Le tutoiement est de rigueur, la bonne humeur omniprésente. On n’est pas au resto. Mais chez eux. Et chez nous. Les plats arrivent. Ca baigne dans l’huile d’olive. La pâte est onctueuse et ferme à la fois, la viande joliment fondante. Les saveurs animent le palais. On mange trop, et trop vite. Et c’est ça qui est bon. Comme de boire un peu trop et de parler beaucoup.
Pour boucler l’aventure ce sera siedas al miele, des chaussons au fromage nappés de miel de Sardaigne. Là on est dans l’exquis, dans l’extase, la finesse gourmande de la chose rappelle beaucoup Veronatuti. Ca tombe bien, la trattoria italienne de la rue Montesquieu toute proche travaille avec eux. Pas sur ce dessert là, mais sur un autre. Le voisin se procure également du pecorino de l’épicerie pour ses propres mets. Ca veut tout dire. On est conquis. Et on en parle, encore et encore. Du lieu, des plats, du dessert. La patronne offre le digestif. Un limoncello d’un côté, une liqueur de myrte de l’autre. On a évoqué des souvenirs de la Sardaigne vue de Corse. Le petit verre répond à l’échange. L’attention est plus que plaisante.
L’histoire se termine. Les pages ont défilé. On a rien vu passer. On referme le livre. La neige est toujours là. Derrière nous, de l’autre côté de la porte, c’est le soleil. La chaleur de Sardaigne. C’est l’heure d’une petite sieste, et des rêves d’Italie. Puis bientôt, très vite, on écrira tout le bien que l’on pense du Domo de Jana.
Domo de Jana, Comptoir de Sardaigne 35 rue de la Thibaudière, 69007, Lyon. Du mercredi au dimanche de 11h à 19h30 (11h à 13h le dimanche)