Derrière les barreaux orange, on se presse pour regarder ce qui se passe. On se frôle. On s’agace de cette proximité et on monte en tension. Et soudain, on comprend. Rien de plus normal. C’est l’expo Prison, au-delà des murs qui veut cela.
Proposée jusqu’à fin juillet par le Musée des Confluences, cette redoutable exposition carcérale a la finesse de mettre immédiatement les pieds dans le plat. Grâce à sa scénographie particulièrement réussie, elle interroge dès les premiers pas. Punir ? Soigner ? Réinsérer ? Ou se venger ? La question à choix multiples est posée. Et Prison, au-delà des murs la complète rapidement d’un autre volet. Qui enferme-t-on ? Des parricides aux prisonniers politiques en passant par les voleurs de fromage de chèvre ou les avorteurs, la limite est fixée par nos sociétés. Celles-là même qui définissent ce que doit être l’emprisonnement.
Entre les murs
Jouant parfaitement sa partition de musée des sociétés et des civilisations, le vaisseau amiral de la Confluence nous offre ici une très belle exposition. Une mise en lumière de la manière dont l’humain s’adapte à la prison, pour le meilleur comme pour le pire, pour lui comme pour la société.
Au fil du parcours, de nombreux objets témoignent de ces réalités. Des tentatives de suicide, comme de celles d’évasion. De la souffrance mais aussi de l’art qui peut voir le jour entre quatre murs. Et même de la scénographie de cette même exposition, qui a été, pour sa première présentation en Suisse, conçue par des détenus. Le sujet est lourd et le parcours ne laisse pas indemne.
Tandis que certains visiteurs referment les cages derrière eux, d’autres laissent grandes ouvertes les portes. Et d’autres encore, se questionnent sur leurs connaissances grâce à des écrans géants comparant les différents systèmes pénitentiaires. Savions-nous qu’un tiers des prisonniers français étaient en attente de leur jugement ? Non. Pas plus que les autres chiffres avancés pour nous fournir un panorama global et mondial.
Parler pour exister
Fins prêts à apprécier la liberté et inspirer une grande bouffée d’air extérieur, on poursuit tout de même la visite jusqu’au Théâtre optique imaginé par le Théâtre Nouvelle Génération de Lyon. Une expérience inédite en trois actes qui nous propulse encore un peu plus près des détenus. Et nous offre notre premier parloir. En tête à tête, le dialogue devient échange à sens unique. L’occasion pour le prisonnier de se confier. Laisser libre cours au fil de ses idées. Et nous interroger encore plus sur son quotidien. Si bien que c’est avec une forte culpabilité que l’on repose le combiné, laissant bien malgré nous le personnage de fiction à son intense et implacable solitude.
Prison, au-delà des murs Jusqu'au 26 juillet 2020 Musée des Confluences
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Une quatrieme vision de la prison comme lieu de reeducation est enfin apparue. La prison avait alors l’ambition de changer les delinquants pour les adapter a la vie normale en societe. L’idee forte etait celle du redressement, donner une forme adequate a des delinquants qui auraient « pousse de travers » .