1001 reasons to (dis)Obey : notre avis sur l’expo sensation

1001 reasons to (dis)Obey : notre avis sur l’expo sensation

Voir enfin une expo sur Shepard Fairey à Lyon ? On n’allait quand même pas rater ça. Et dans le légendaire ancien Musée Guimet ? Encore moins. Premier week-end d’ouverture, nous voilà fiers et pimpants en train de tambouriner à la porte pour que l’on nous ouvre. On nous a ouverts.

1001 Reasons to (dis)Obey - Vue sur mur Barack Obama et autres oeuvres sur le pouvoir politique

On n’y pense pas forcément mais c’est pourtant un fait : nos musées institutionnels sont des lieux de propagande. De discours. Ce que l’on y montre est sélectionné, choisi, et tout est validé en haut lieu. Les musées, loin d’être neutres sont avant tout politiques et présentent une manière de voir le monde que pratiquement personne ne remet en question tant leur légitimité est forte. C’est un tort, se questionner sans cesse est une hygiène cérébrale vous dirait Shepard Fairey, artiste iconique plus connu sous le pseudonyme d’Obey et doté d’une carrière longue comme une lutte pour les droits civiques.

1001 Reasons to (dis)Obey - Vue générale deuxième niveau

Dénoncer pour mieux changer

Non sans ironie, c’est au coeur de l’ancien Musée Guimet, que l’exposition 1001 Reasons to (dis)Obey s’est installée pour quatre mois. Une manière de balayer l’ancien pour célébrer l’art de rue et le militantisme au poing levé ? Peut-être. Une chose est sûre, l’exposition organisée par Space Junk présente des centaines d’oeuvres d’un artiste parfois plus connu pour sa marque très populaire que pour ses oeuvres engagées. Social, brutal, féroce dans ses discours, Obey raconte beaucoup l’Amérique et d’autres pays en souffrance. Le Darfour ou la France n’échappent pas la vigilance de l’artiste. Concerné et prolifique, Shepard Fairey semble ne jamais s’arrêter de vouloir propager ses idées.

Des idées souvent mises en images par des visages, des regards adressés ou fuyants. Une manière de présenter la dureté du monde et des luttes pour le rendre plus agréable. Des couleurs aussi. Et des codes. Ceux de la propagande. On pense au début du siècle dernier, aux guerres et à toutes ces affiches invitant d’un message visuel simple à être en accord avec le pouvoir en place. A être docile. Obéissant. A s’incliner devant la puissance. En reprenant les codes des propagandes d’Etat Obey détourne une manière de faire pour inverser le cours de l’histoire. Pour inciter, pour engager. Et ça marche. Au coeur de l’expo, l’affiche Hope choisie pour la campagne de Barack Obama montre l’un des rares soutiens de l’artiste à un homme politique. On sait à quel point le message est passé.

1001 Reasons to (dis)Obey - Vue grand angle espace d'exposition

La rue comme terrain de jeu

Complète, l’exposition 1001 Reasons to (dis)Obey présente également un artiste voué à la cause des femmes ou de l’environnement. Un artiste pétri d’influences capable de saisir la noirceur du monde et d’en faire des incitations à tout bousculer. Pour de nombreuses oeuvres, une fiche de médiation présente le contexte et nous en apprend un peu plus sur les motivations et les messages de Shepard Fairey. On en retire le sentiment d’un artiste social peut-être moins médiatique qu’un Banksy mais tout aussi émouvant, percutant, et talentueux.

Sur les deux niveaux du musée Guimet on admire autant les oeuvres que le travail de sélection et de présentation. Des salles annexes présentent mêmes quelques marottes d’Obey comme le design de planches de skate et de snowboard ou sa passion pour les affiches de festival de musique ou les covers d’albums. De quoi mieux comprendre l’univers d’un graphiste touche à tout qui tient à ce que ses oeuvres restent très accessibles et reverse une immense partie de l’argent récolté à des associations toujours liées aux messages de ses créations.

1001 Reasons to (dis)Obey - Vue Générale

Obéissance et contestation

Faut-il aller voir 1001 Reasons to (dis)Obey ? Si l’on peut déplorer un léger manque de mise en contexte – on aurait aimé voir les oeuvres en situation dans leurs villes respectives – sans aucun doute ! L’exposition de grande envergure redonne de la vigueur à la scène culturelle lyonnaise. Et fait du bien non seulement par sa démesure mais surtout parce que tout le monde en retirera quelque chose. Certains ou certaines reprocheront peut-être à Obey d’être devenu une machine de pop culture aux messages convenus et consensuels. Ce serait oublier d’où il vient et contre quoi il se bat au quotidien. Il y a très certainement 1001 raisons d’aller voir cette magnifique exposition. S’il ne fallait en retenir qu’une c’est que l’on en sort enrichi d’une vision d’un monde plus juste.

1001 Reasons to (dis)Obey
Du 8 mars 2023 au 9 juillet 2023
Ancien Musée Guimet
28 Boulevard des Belges
69006 Lyon
Ouvert du mardi au dimanche

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