Bien moins connu que son aventureux héros, le défunt Hugo Pratt n’a cessé d’imaginer durant des décennies des histoires empreintes de passion. Avec « Lignes d’Horizons », le Musée des Confluences matérialise les aventures de Corto Maltese dans une exposition dialogue entre beauté de l’imaginaire et force du réel.
Contrairement au génial auteur italien, je ne vais pas vous raconter d’histoire : je n’avais jamais lu une seule BD d’Hugo Pratt avant de découvrir son univers. Bien sûr, je connaissais Corto Maltese, de nom, et un peu de visage. Rien de plus. Alors en découvrant pour la première fois la scénographie de Lignes d’Horizons, j’étais tout de même un peu perdu. Par bonheur, le Musée des Confluences a compris qu’il fallait me prendre par la main. Le voyage, car c’en est un, débute donc par un bref résumé de la vie d’Hugo Pratt. On découvre, l’homme, la passion, l’extrême érudition et la volonté d’élever le niveau.
Signes d’horizons
On entre ensuite dans le vif du sujet. Des planches de plusieurs mètres de haut s’étalent devant nous dans un étrange désordre. On est désorienté. Faut-il aller par là, ou plutôt par ici ? Que faire ? Aucun « sens de la visite » ne nous le dit. On devine la volonté. L’univers de Pratt est riche et chaotique. Lignes d’Horizons doit l’être également si elle veut rester fidèle au maître. On choisit une planche, on lève la tête. Un radeau dérivant sur la mer. Juste à côté, un véritable esquif. Le ton est donné. Le rêve devient réalité.
Plus loin face à une table ronde, gigantesque écran-monde que l’on peut toucher et voir s’animer, on commence à comprendre. On est dans l’oeil d’un drôle de cyclone. L’exposition nous tourne autour. Là-bas c’est l’Afrique, puis l’Océanie, les Amériques… De magnifiques objets accompagnent les planches. Des masques, des lances, des sagaies, un scaphandre… tous parfaitement mis en lumière. Ils matérialisent l’univers autant qu’ils nous racontent la minutie de l’auteur. On s’arrête, on regarde encore et encore et on réalise enfin.
Le Musée des Confluences ne nous fait pas visiter une exposition : il nous plonge dans l’imagination débordante d’un auteur. On se surprend à emprunter des allées encore et encore pour découvrir de nouveaux détails. On finit par rejoindre la sortie, et l’on découvre des gueules. Des centaines de gueules étalées sur un mur immense. Tous les personnages d’Hugo Pratt sont là et nous regardent. Mieux, ils racontent sans parler. Pas un n’est comparable à celui d’à côté. On s’assied, on admire. On ne veut plus vraiment partir. Peut-être faut-il alors se décider à lire enfin les aventures imaginées par Hugo Pratt ? Ca tombe bien, de nombreux exemplaires sont consultables en libre accès. Lignes d’Horizons ne veut décidément pas que l’on revienne à la réalité.
Hugo Pratt, lignes d'horizons Jusqu'au 24/03/2019 Musée des Confluences