Parler de l’exposition « Les Jours Sans » sur un blog où l’on aligne autant d’articles sur la bouffe n’est pas chose aisée. Le sujet – le rationnement alimentaire pendant la Seconde Guerre Mondiale – étant en apparence parfait pour bien plomber l’ambiance. Et pourtant, au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, on a voulu traiter tout cela sans jamais sombrer dans le pathos. Résultat, une étonnante parenthèse susceptible d’éveiller les consciences.
Tout commence par une file d’attente, d’abord celle pour prendre son billet d’entrée. Deux personnes devant, on s’impatiente. C’est notre monde. Notre univers d’enfants gâtés toujours à geindre pour pas grand chose. Une fois passée l’étape, place à l’entrée. De grandes photos. En noir et blanc. Encore des files, d’une autre époque. Des femmes, des épiceries. Elles attendent. Et espèrent. Ca ne se voit pas mais elles sont en train de mourir. Et avec le sourire. Certaines recevront du beurre, quelques fruits, peut-être du pain. Pas toutes, car tout cela dépend de bien des choses. Chacune dispose d’une carte alimentaire. Chacune aura droit à des choses différentes, évaluées en fonction de critères aussi injustes que parfois obscurs.
Nourrir l’espoir
C’est l’époque où l’on se bat contre son estomac. Où les livres inventent 100 recettes à base de miettes de pain. Où l’on vend des boîtes à mégots car les clopes entières ne sont plus qu’un rêve. C’est la guerre, sans les balles, mais où l’on ne pense qu’à combler sa dalle. Rien ne va, tout le monde en bave et fait avec. Ce sont les jours sans. Les jours sans joie, les jours sans rien. Et si l’on pourrait croire qu’une exposition sur cette thématique serait lourde, on serait bien loin du compte. Car en réalité, le menu tout en finesse fait du bien par où il passe. On se promène, on s’intéresse et on s’attable. Pas pour manger, juste écouter. L’histoire est dure, le discours sûr. C’est émouvant, pas éreintant, on ferme sa bouche, et on apprend.
Les Jours Sans, c’est au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon et il faut y aller. Pour s’enrichir de vécus que plus personne ne doit connaître. Pour arrêter de grogner à la moindre aspérité sur nos vies de rêve. Les Jours Sans, c’est jusqu’à la fin du mois de janvier et vraiment, il faut y aller.
Les Jours Sans Jusqu'au 25 février 2018 Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation 14 Avenue Berthelot, 69007 Lyon