Lyon a beau être une ville incroyable, cela n’empêche pas quelques lacunes. Comme le manque d’un lieu dédié aux expos photos d’envergure. Par chance le Musée des Confluences consacre un espace à un immense photographe lyonnais. Le temps d’une exposition un peu restreinte malgré tout.
On le réalise peu mais si une photo raconte beaucoup de choses elle en dit surtout énormément sur l’auteur du cliché. Si l’on regarde un ensemble de photos d’une même personne, et que l’on prend du recul dessus, on commence à comprendre ses motivations. On perçoit sa manière de voir le monde, sa sensibilité à celles et ceux qui l’entourent et les messages qu’il ou elle veut faire passer.
Avec 100 photographies pour 100 ans, le Musée des Confluences nous invite à voir le monde comme le lyonnais Marc Riboud. Et surtout à voir Marc Riboud. A travers quelques unes des ses oeuvres emblématiques. Une centaine, comme le nom l’indique. C’est peu au vu de l’immense carrière du photographe mais assez pour se faire une idée du talent de ce digne héritier d’Henry Cartier-Bresson. Comme ce dernier, Riboud est de l’école du photo reportage souvent construit et mis en scène.
Idées claires et chambre noire
Rien de mal à cela bien sûr, la photo n’a pas pour vocation à représenter le réel mais à offrir une certaine vision du monde. Dans ces 100 photographies pour 100 ans, on découvre au hasard un peintre funambule en action sur la Tour Eiffel, une manifestante anti guerre du Viet-Nam dans une scène iconique ou encore un plongeur lambda dont on se demande sincèrement s’il a survécu à sa chute dans vingt centimètres d’eau de mer. Tous en noir et blanc et tous à l’argentique, les clichés étonnent et impressionnent par la vie qui s’en dégage.
Assez restreinte – 100 photos c’est finalement assez peu – l’exposition sert beaucoup d’introduction à l’univers de Marc Riboud. Et rend un bel hommage à l’artiste. Pour autant, tout n’est pas parfait. Les tirages auraient parfois mérité un meilleur traitement. Et la scénographie, étriquée, ne permet pas de prendre beaucoup de recul sur une image pour mieux l’apprécier. On sent qu’il a été difficile de tout faire rentrer dans l’espace dédié à l’événement.
Voyager dans un regard
Ne boudons pas notre plaisir. Dans une ville qui ne compte aucun espace dédié aux expositions photo, voir le Musée des Confluences s’emparer du sujet fait plaisir. Tout en restant bien dans sa ligne de musée des civilisations. Marc Riboud a parcouru la planète entière, de l’Afghanistan à la Chine en passant par les Etats-Unis. Son regard a servi à voir à travers celui des autres. A une époque ou le photo reportage s’imposait comme un liant nécessaire à une bonne compréhension du monde. C’est la belle époque du magazine Life, dans lequel Riboud a publié. L’époque si particulière du choc des photos.
Avec cette exposition, le Musée des Confluences invite surtout à ne pas en rester là. Et à continuer à explorer l’univers de ce photographe finalement peu connu du grand public. La boutique en fin de parcours regorge d’ailleurs de beaux livres consacré à Riboud et il sera compliqué, voire impossible, de ne pas repartir avec au moins l’un d’entre-eux. A noter qu’en ce moment le Musée des Confluences ne présente qu’une autre exposition temporaire intitulée « Nous, les Fleuves ». Dès le 24 juin une nouvelle exposition, « Secrets de la Terre » ouvrira ses portes. On conseille plutôt d’attendre jusque-là pour profiter des 3 espaces et mieux rentabiliser le billet d’entrée.
Marc Riboud : 100 photographies pour 100 ans Du 24 février au 31 décembre 2023 Musée des Confluences