Pas forcément la première destination à laquelle on pense quand on vit à Lyon, Saint-Malo se veut pourtant très accessible. Et vaut largement le déplacement. Pour quelques jours, mais surtout pour des souvenirs qui resteront longtemps gravés dans les mémoires.
Nos vies sont faites d’attente. Parfois courtes, parfois plus longues. Pour cette première escapade en Bretagne, l’attente fut longue. Très longue. Peut-être parce que trop hype, trop tout le monde y va. Trop de discours entendus façon « ouais mais là il fait plus frais qu’ailleurs et puis c’est sauvage tu vois c’est pas comme dans le sud c’est pas artificiel gnagnagna ». De quoi, c’est vrai, donner envie de prendre ses jambes à son cou pour aller n’importe où, mais pas sur les terres des discours tout faits.
Une ville à portée de tir de Lyon
Et puis on change d’avis, on se dit que allez, on va quand même tenter. Pour cette première escapade en Bretagne, la destination sera Saint-Malo. Pourquoi Saint-Malo ? Parce qu’on en a entendu parler plusieurs fois en bien. En très bien. Aussi parce que le trajet Lyon-Rennes se fait en direct et en quatre heures. A partir de là, un saut dans un TER et Saint-Malo est accessible en moins d’une heure. C’est parfait. On va pouvoir découvrir la cité Corsaire et un peu de cette fameuse Bretagne.
Première choses à noter et non des moindres : Saint-Malo est une ville fortifiée. Ici, l’intra-muros n’est pas un concept mais une réalité brute. Et pour vivre la meilleure expérience possible, notre camp de base se situe à l’intérieur des murs de la cité. Un bel hôtel, très bien placé, et dont l’équipe très sympathique prodigue d’excellents conseils en matière de choses à faire ou de restaurants de qualité. On y reviendra.
De l’émotion à l’arrivée
Les premiers pas dans la ville sont un peu déconcertants. Les bâtiments s’élèvent dans une pierre grise un peu déprimante. Tout en hauteur, largeur et épaisseur, les hauts remparts ferment l’ensemble. On est de suite frappés par ce côté très resserré, à la limite du huis-clos oppressant. Evoluer dans ce qui fut une véritable forteresse fait son petit effet. Les rues sont blindées de commerces, pas toujours très locaux. On sent directement le poids du tourisme sur l’endroit.
On avance, on découvre, les rues sont jolies. On s’habitue. En s’éloignant un peu on en découvre de nombreuses autres cachées. Moins animées et plus charmantes. Puis arrivent les remparts, les escaliers. L’ascension. Et la mer d’un côté. La ville de l’autre. La claque est immense. Les yeux ne savent plus où se poser. En avant vers la mer ou en arrière vers la ville ? Qu’est-ce que c’est beau. Au loin, de petites îles, un fort, un autre fort, et une autre ville là-bas. Puis l’inévitable : « Oh regarde on peut aller voir ce fort à pied il n’y a pas d’eau à cet endroit. »
Une cité à grand spectacle
C’est la découverte des marées, parmi les plus importantes d’Europe. Les rigolades au retour quand le chemin a disparu. Les pieds trempés. La vue incroyable sur la cité fortifiée. Saint-Malo est une merveille dont il faut prendre le temps de savourer chaque détail. Ses petites rues pavées et surtout ses fameux et magnifiques hôtels particuliers. Tous symboles d’une autre époque et d’une puissance économique assez inimaginable.
Pendant son heure de gloire, Saint-Malo pesait pour environ 10% des richesses du pays. Oui, de la France. Voilà pourquoi la cité de riches armateurs a été si bien protégée. Convoitée comme pas permis, la ville a subi plus de quinze assauts d’envergure. Tous ont échoué. Parfois, le soir, quand tout est plus calme, on entend presque les coups de canon d’une autre époque défendre la ville. A 22 heures, tous les jours les cloches sonnent même le couvre-feu. Pas un vrai bien sûr, mais un rappel d’histoire, quand les portes se refermaient et qu’on lâchait les chiens pour protéger les navires trop accessibles à marée basse.
Voir ailleurs, mais pas bien loin
Hors des remparts, il y a aussi ces plages, toutes magnifiques. Evoluant sans cesse dans leur envergure au fil des marées montantes et descendantes. Le spectacle est à tomber. Quel endroit magnifique. On pourrait y passer des journées entières. Peut-être des mois. Voire des années. Mais il faut revenir sur terre. Pour la quitter quelques instants. Prendre le bateau et se rendre à Dinard, en face, la fameuse ville vue des remparts. Dix minutes de trajet sur l’eau et plusieurs heures pour en revenir, à pied. Là, encore, quelques vues incroyables, de belles rencontres, et des sentiers magnifiques.
Et puis la baie de Cancale, la vue sur l’iconique Mont Saint-Michel. Les eaux turquoises. La vie autour. La Côte d’Emeraude porte décidément bien son nom. Les alentours de Saint-Malo valent le coup d’oeil. On n’a pas envie de s’arrêter, On veut continuer à découvrir, à savourer, apprivoiser, apprendre à aimer toutes ces belles choses, ces beaux endroits. Les préjugés sont ravalés. Oui, ce coin de Bretagne est magnifique et donne déjà envie de revenir.
De très jolies adresses
Aussi parce qu’au-delà de la gentillesse des personnes rencontrées, on mange très bien à Saint-Malo et tout autour. Bien sûr des galettes et des crêpes, à la sympathique Touline ou au très soigné Bergamote. Mais comment ne pas garder un souvenir ému de cet incroyable chou farci façon falafel du restaurant Ostaleri ? L’établissement propose aussi des fish & chips de qualité, de nombreux autres plats, et un service impeccable.
On pense également à Cargo Culte, ses croque-monsieur savoureux, végétariens ou non. Ses petites soupes (aaah le velouté de panais pois cassés…) et ses bons petits desserts (le cheesecake…). Mais surtout son patron haut en couleur et capable de faire d’un repas une véritable pièce de théâtre. Moins spectaculaire mais tout aussi recommandable, le salon de thé Récits de Voyage nous a également conquis avec ses interprétations très mondiales des Paris-Brest (Paris-Marrakech et Paris-Sydney) de très haut vol. Quant à Grains de Vanille, à Dinard ou Cancale, là encore, on ne peut que recommander au vu de la qualité des exquises pâtisseries proposées.
Et une fin en toute beauté
On l’aura compris, ou alors on n’a pas bien lu, Saint-Malo et ses alentours nous ont émerveillés. De quoi en parler avec un immense enthousiasme, donner envie aux autres de découvrir. Et ne pas se freiner parce que les mérites vantés paraissent trop beaux, trop convenus, pour être vrais. Oui, il faut aller à Saint-Malo. Oui, il faut explorer le coin, prendre le temps. Aller plus loin. Mais il faut aussi être conscient de la popularité de l’endroit. A Saint-Malo, on n’est pas seuls, loin de là. Mais on est surtout accompagné de plusieurs siècles d’Histoire, d’un passé incroyable, et d’un magnétisme hors du commun.
On le rappelle, Saint-Malo est très accessible de Lyon via Rennes. Comptez tout de même un minimum de trois jours au total pour gérer les trajets et avoir du temps pour profiter de l’endroit. On conseillera même de quatre à six jours afin de ne rien expédier. Ce serait dommage. Saint-Malo se savoure en prenant le temps. Mais de toute façon, peut importe la durée du séjour, on sait, au fond du coeur, que l’on y reviendra bientôt. Pour de nouveaux spectacles à admirer.
Pour d’autres découvertes de chouettes endroits à explorer n’hésitez pas à consulter tous les articles de notre formidable rubrique Voyages !