L’arrivée d’une nouvelle exposition au Musée des Confluences marque toujours pour nous un grand moment. On trépigne d’impatience à l’idée de découvrir l’exaltant parcours qui nous fera autant vibrer que celui d’A la conquête du pôle Sud autrefois. On s’interroge sur le futur voyage qui suivra le ô combien dépaysant Antarctica. Et on laisse aller notre imagination, portés par l’envie de découvrir le nouveau dispositif scénographique qui nous surprendra. De quoi poser une légère pression sur les épaules des divinités et démons Yokainoshima : esprits du Japon. Et pour cause !
Installée depuis cet été, Yokainoshima : esprits du Japon porte sans nul doute le fier sceau du Musée des Confluences. Il suffit en effet de rentrer dans sa pièce principale pour se retrouver nez à nez avec un immense temple rouge, une pièce maîtresse qui a elle seule pourrait devenir le symbole de cette exposition. Un pendant japonais de la pomme de Venenum ou de la table aussi tactile que maline d’Hugo Pratt. Bref, un élément clé très photogénique qui convoque les sens tout en marquant les esprits. En somme, un dispositif très marque de fabrique que l’on retrouve dans la plupart des expositions du Musée.
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Mais là où les clous du spectacle faisaient habituellement sens, ce temple n’est pratiquement là que pour l’ambiance. L’exposition se révèle en effet être une jolie mais simple mise en dialogue des photographies de Charles Fréger et des oeuvres de la collection d’Emile Guimet. Une conversation qui rentre en résonance avec celle déjà entamée par Hugo Pratt, où les oeuvres répondaient cette fois à l’oeuvre de l’auteur de bande dessinée. La partition prend donc rapidement un air de déjà joué. Même si les notes ont un peu changé.
Face à ces témoignages de spiritualité, et avec une connaissance personnelle proche de zéro du contexte, l’entrée en matière est difficile. On aimerait être un peu plus pris par la main, découvrir une narration plus forte… En résumé : avoir les clés pour débuter le voyage. Les 83 photographies présentées sont magnifiques. Elles intriguent, étonnent, questionnent. Et le jeu des lumières et des reflets créé avec les vitrines des 230 objets présentés fonctionne à merveille. Mais si l’ensemble est, à l’image de son joli temple rouge, très esthétique, il livre son sens assez difficilement. Quitte à parfois laisser l’impression d’avoir bien coché les cases d’un cahier des charges sans souci de pédagogie. Un défaut d’autant plus dommage que l’extrait de l’exposition présentée en gare de Perrache est quant à lui limpide. Un bon point autant qu’un mauvais : on en apprend parfois bien plus dans une gare que dans un Musée, le tout grâce à un Musée.
Yokainoshima : esprits du Japon Musée des Confluences Jusqu'au 25 août 2019 En savoir plus