Depuis fin 2018, elle a littéralement envahi nos rues. Elle, c’est la trottinette en libre service. Arrivée plus ou moins discrètement avec Lime, la déferlante fut ensuite massive avec l’apparition des concurrents Bird, Tier, Wind, Voi, Circ ou Dott. Rapidement, les engins de ces acteurs sont vite devenus très populaires. Mais que valent-ils réellement face à l’historique Vélo’v ? On a testé, et on fait le point.
En bons fidèles lecteurs que vous êtes, vous savez que nous aimons vraiment beaucoup nous déplacer en Vélo’v. Pas parce que c’est Vélo’v, mais parce que c’est pratique. On prend son petit vélo à une borne, on fait son petit trajet, on repose le vélo à une autre borne, et voilà. Le concept, popularisé à Lyon et célèbre dans le monde entier, est simple comme bonjour. Son seul vrai défaut n’apparaissant qu’en cas de station vide (pour prendre le vélo) ou pleine (pour le reposer). Mais avec un peu d’anticipation, et grâce aux applications, on s’en sort souvent très bien.
Avec la trottinette en free floating c’est bien plus souple et pour cause, on la prend là où il y en a et on la pose à peu près où l’on veut. C’est plus libre, plus aérien, plus dans l’air du temps. Et puis on ne se fatigue pas à pédaler comme un hamster. Elle roule toute seule, la trottinette. Et plutôt bien ! Jusqu’à 25 kilomètre à l’heure. Sans aucun effort. C’est d’ailleurs là l’un des principaux atouts de ce petit engin. Du coup, on peut se demander ce qu’il reste à Vélo’v et s’il est réaliste de continuer à utiliser ce moyen de transport d’avant Jésus Christ. Et bien franchement c’est pas pour spoiler mais la réponse est oui.
Le prix : Vélo’v : 1, trottinettes 0
Pour rappel, un abonné Vélo’v paie 31 euros par an. Avec cela, il a droit au minimum à 30 minutes gratuites pour se déplacer. Jusqu’à 45 s’il dispose d’un sésame partenaire comme une simple carte Técély, même sans abonnement TCL. C’est trop peu pour faire de longues balades mais ce n’est pas le but de Vélo’v. Au pire, il suffit de reposer le Vélo’v moins d’une minute en station pour remettre le compteur à zéro. Et repartir pour un tour. Tous les habitués connaissent l’astuce.
Les trottinettes, elles, sont facturées à la durée effective d’utilisation. Ainsi il faut compter 1 euro pour déverrouiller un engin, puis un minimum de 15 centimes la minute. Oui, un minimum, car certaines marques ont déjà augmenté leurs tarifs. Chez Lime, le déplacement est fixé à 22 centimes la minute et d’autres lui ont vite emboîté le pas. A l’heure actuelle seuls Tier et Dott sont encore à 15 centime la minute. Ce qui revient tout de même à… 11 euros de l’heure, si l’on tient compte de l’euro nécessaire au déverrouillage. Chez les autres, on arrive très facilement à plus de 14 euros de l’heure. Et rien ne dit que de nouvelles augmentations ne sont pas prévues.
Technologie : Vélo’v 1, trottinette 1
Qu’il semble loin le temps où l’on devait se rendre à la borne centrale pour emprunter un Vélo’v. Et pourtant. C’était il y a à peine un an. Depuis, tout se fait via l’application officielle. En quelques secondes, on déverrouille le vélo et c’est parti. Il y a bien, de temps à autre, un Vélo’v récalcitrant refusant obstinément de sortir de sa bornette, mais dans l’ensemble, c’est du tout bon. En outre, Vélo’v a l’avantage, grâce au partage de données, de permettre l’utilisation d’applications tierces. De notre côté nous utilisons surtout Bike Predict qui permet d’avoir des statistiques et des prédictions sur les stations. Grâce à cela, on sait à l’avance si l’on a une chance d’avoir un Vélo’v ou une place de stationnement. C’est très pratique, et on vous encourage vivement à l’utiliser.
Le cas des trottinettes est très simple : toutes les applications sont à peu près similaires. Géolocalisation précise, zones d’exclusions bien affichées, tarification, on visualise tout très simplement. Les engins se déverrouillent via un QR code et sont prêts à rouler en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. De ce côté, trottinettes et Vélo’v sont à égalité avec des solutions de mises en service très au point. On aimerait quand même avoir une application qui centralise la position de tout le monde. Et permet les déverrouillages. Mais là, on le sait, on rêve un peu, et en couleur.
Usage : Vélo’v 1, trottinette 0,5
A l’utilisation, nous avons déjà déterminé que prendre ou déposer une trottinette est d’une grande souplesse. Côté Vélo’v, il faut toujours jongler avec les stations mais il y en a tellement dans Lyon que ce n’est pas vraiment une contrainte. Reconnaissons cependant un petit avantage à la trottinette. L’offre est plus souple, et encore plus si l’on est enregistré sur tous les services disponibles. C’est clairement LE point fort, et ce qui explique sans doute la popularité du principe.
Pour la conduite, c’est un peu moins rose. Car depuis leur bannissement des trottoirs, les petits engins doivent impérativement rouler sur route ou piste cyclable. Et avec une garde au sol ultra basse et des pneus anti-crevaisons très durs, l’usager ressent absolument toutes les aspérités de la route. La conduite peut même vite basculer de très inconfortable dès qu’il y a quelques bosses, à dangereuse, en cas de nids de poule non détectés à temps. Sur une trottinette, il est impératif de regarder au loin en roulant sous peine de finir rapidement aux urgences. Une attention de tous les instants moins vitale avec un Vélo’v beaucoup plus stable à l’usage.
Vitesse : Vélo’v 1, trottinette 1
On pourrait croire que sur la vitesse de déplacement les trottinettes enterrent les Vélo’v. En réalité, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Il est nécessaire ici de se pencher non pas sur la vitesse maximale que l’on peut atteindre mais sur la vitesse moyenne en déplacement. D’après nos tests, menés du Parc de la Tête d’Or à la Place Carnot via les Berges du Rhône (4,3 kilomètres) c’est en fait très proche soit entre 15 et 20 minutes. S’il est vrai que la trottinette est un peu plus rapide, de nombreux obstacles demanderont de ralentir à un moment ou un autre. Au final, sur la totalité du trajet, le gain de temps est assez minime. Un peu comme quand on roule trop vite en voiture en croyant gagner un maximum de temps. En réalité on a gagné trois minutes et on a frôlé la catastrophe mais on s’est pris pour un pilote.
Vainqueur : Vélo’v
En résumé, si la trottinette en libre service dispose de quelques atouts, les coûts très élevés rendent son utilisation assez rebutante. On est ici dans quelque chose de réellement occasionnel, à n’utiliser qu’en cas de fatigue intense ou de chaleur extrême. Dans tous les autres cas de figure, Vélo’v reste un service supérieur, moins cher, plus fiable et plus sécurisant. Une valeur sûre qui doit néanmoins encore s’améliorer. La fameuse assistance électrique promise est toujours aux abonnés absents alors que Paris (après deux années difficiles) a pris une avance considérable sur le sujet avec une flotte impressionnante. On sait que le service lyonnais vit des heures compliquées, au point de remettre d’anciens vélos en circulation, mais le vandalisme ne doit pas empêcher le développement des innovations promises et donc attendues par les usagers. L’arrivée de la trottinette en libre service est une occasion rêvée de réfléchir à la question.
D’autres articles sur Vélo’v sont disponibles avec notre premier test du Vélo’v électrique (e-Vélo’v), le test de l’application mobile, celui du modèle V2 qui a remplacé le Vélo’v de première génération mais aussi les 5 astuces indispensables pour bien rouler.